10 raisons de laisser la planète mourir
La 4ème va vous surprendre et sans doute remplir votre lobe frontal de paillettes de licornes. Un article à propos de l'écologie.
Si avec ce titre, vous venez me lire, c’est que vous devriez vraiment retourner travailler ! Ou bien vous avez abandonné tout espoir de vie sur terre. Vous êtes alors au bon endroit (et après m’avoir lu, vous devriez quand même retourner travailler !)
Allez. Direct dans le vif du sujet : J’ai un petit projet qui me tient à cœur : Je voudrais sauver le monde !
Rien que ça ?
Hé oui, je sais. J’ai toujours eu de grandes ambitions. Je commence toujours des projets que je ne finis jamais parce qu’ils sont bien plus gros que moi. Et l’écologie, c’est mon nouveau truc.
Booooring
Oui. On entend déjà ça partout. A quoi bon ressasser ce perpétuel sujet. Déjà traité, débattu des millions de fois, il s’essouffle même et ne fait qu’ajouter une petite couche de culpabilité sur notre quotidien déjà bien compliqué. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir apporter à l’écologie avec un grand E (ou un grand É, mais ce n’est pas facile à taper) ? Et bien en fait, sans doute pas grand chose.
Ha ? Je ne comprends pas où il veut en venir
Allez, je vous donne un peu le contexte d’abord (je vous raconte un peu ma vie en somme) : J’ai 34 ans et quelques…, je travaille dans l’informatique et j’ai deux superbes enfants.
(automatique) J’ai vielli depuis que j’ai écris cet article. J’ai aujourd’hui 40 ans.
Cela fait maintenant plus de dix ans que je m’intéresse de loin à l’écologie, mais longtemps de façon hypocrite ou idiote. Ma vision des choses a été la suivante :
Si ça me coûte moins cher et/ou que ça ne prend pas trop de temps, je veux bien faire des efforts pour la planète.
Autant dire que ça avait ses limites. Il m’arrivait souvent de faire des trajets en vélo parce que je ne voulais pas payer l’essence, de couper le chauffage pour ne pas trop consommer (payer) d’électricité, de réduire ma consommation d’eau pour gagner 2€ par mois, ou encore de sortir mes poubelles le moins souvent possible, tout ça en me persuadant que je le faisais aussi pour la planète. Mais c’était souvent maladroit, voir contre-productif. Pour éviter de payer une levée de poubelle, j’empaquetais tous mes emballages les uns dans les autres alors qu’il ne faut surtout pas faire ça. Une grande partie de ma poubelle n’était sans doute pas recyclée par ma faute.
Ma conscience écologique s’arrêtait là. Je ne culpabilisais pas. Je faisais simplement comme tout le monde et je n’y voyais aucun inconvénient. Je ne ressentait pas l’existence d’un quelconque problème. Et c’est en ça que je pense que c’était hypocrite de ma part. En réalité, je n’en avais pas grand chose à faire. J’étais rassuré de voir mes sacrifices faire l’objet d’un double intérêt : économique et écologique. Mais mon premier intérêt était économique. Mon premier intérêt était ma propre personne et mon confort.
Il y a 9 ans, j’ai eu un fils. Sa naissance n’a en rien changé mon regard sur tout ça. Par contre, être père est devenu quelque chose de très important pour moi. J’accorde beaucoup d’importance à ce qu’il pense, ce qu’il veut, ce qu’il voudra, ce qui lui fait peur, ce qui lui fait plaisir, ce qu’il va devenir, et tout ce qu’il est en général.
C’est long, non ? Ça parlait de quoi déjà cet article ?
Avec sa mère, nous avons donc choisi pour lui les meilleurs parrains et marraines afin qu’ils lui apportent de bonnes valeurs tout au long de sa vie. Son parrain, ami très proche de notre petite famille, a toujours été très sincèrement concerné par l’environnement. Il choisissait par exemple ses logements afin de pouvoir tout faire à vélo. Il faisait attention à ses achats, son alimentation, et des efforts que j’avais toujours trouvés marrants et inutiles. Louable, mais inutile. Un dévouement pour ne rien avoir en retour. A mille lieux de ce que mon moi de l’époque était capable de comprendre. Quand on l’interrogeait sur les choix qu’il faisait, il les expliquait patiemment sans jamais chercher à convaincre. Il indiquait simplement qu’il faisait attention. Encore une fois, je trouvais ça louable, mais inutile.
Quoi qu’il en soit, mon petit garçon a reçu de son parrain quelques pistes de réflexion sur le monde qui l’entoure. A travers des conversations, des livres offerts, des conseils, du temps passé avec lui. Comme toujours, à mes yeux : louable, mais inutile.
Un jour, j’ai retrouvé mon garçon de 6 ans, dans la salle de bain en train de parler seul au carrelage. Effondré et en larmes. Je l’ai pris dans mes bras sans pouvoir le consoler. Il était effaré de voir le mal que les hommes faisaient à la planète. Il disait ressentir la douleur des arbres, la douleur de l’océan. Il souffrait pour elle. Il s’estimait être une partie du problème tout en étant démuni.
C’est à peu près à ce moment là que ma vision des choses à commencer à changer.
Il n’y avait pas seulement 10 trucs à lire ?
Ce jour là, j’ai pris une claque en plein dans le paternel. J’étais complètement inconscient du regard que mon garçon commençait à poser sur le monde. Pour la première fois, j’ai voulu faire un effort. Pour lui. Pour le consoler. Pour qu’il ne soit jamais triste. Il est évidemment hors de question que mon petit garçon soit malheureux. (Ouais je suis un papa poule je crois). Et je ne parle pas d’un petit effort. Je voulais lui sauver le monde. Et même si je ne suis qu’un milliardième de la source du problème, il fallait que je corrige mon milliardième de responsabilité.
Dès lors, j’écoutais. Alors que jusque là, j’entendais.
En fait j’avais déjà lu et relu ses livres avec lui. J’avais déjà vu et revu des documentaires à la télé. Comme tout le monde. On est tous bombardés de ce genre d’alerte écologique. Je crois que tout au long de ma vie, j’avais fini par développer un filtre. Depuis que je suis ado, on entend ça partout, mais paradoxalement, on ne voit personne bouger, alors, tout naturellement, on se dit qu’il n’y a rien à faire, que ce n’est pas important et qu’on peut mettre de côté le problème. Si on fait comme tout le monde, c’est qu’on fait ce qu’il faut, non ? Quand je voyais des pubs “Réduisons nos déchets, ça urge”, je ne me suis jamais senti concerné. C’était simplement une pub comme les autres. Quand je voyais des manifestations contre les OGM ou contre la pollution des rivières et océans, c’était pour moi une manifestation qui me concernait aussi peu que celles de la SNCF ou de l’éducation. C’était simplement un bruit de fond que j’avais appris à ignorer. Un acouphène qu’on entend seulement dans le silence. Ce jour-là, dans la salle de bain, le silence venait d’être brutalement fait par ces joues inondées contre mon épaule.
Rho l’autre, des métaphores et tout…
A partir de là, j’ai du faire face à un conflit intérieur opposant mon moi qui s’en contre-fout et mon moi qui veut protéger son fils à tout prix. Autant dire que c’était la guerre.
Beaucoup pourront en témoigner, je suis un vraie tête de mule. Et là j’étais devenu une hydre à deux têtes de mules. C’était pas beau à voir. J’ai dû trouver des arguments pour convaincre mon moi pré-choc-parental, mon evil-twin, à chaque fois qu’il essayait de mettre ma motivation au tapis par des phrases du genre de celles-ci :
Phrase du genre N°1
“Je vois pas ce que ça m’apporte à moi de faire des efforts”
… m’a-t-il dit, le bougre ! A croire qu’il ne pense qu’à lui ce moi-là ! … à moi ce moi-là ? à moi, celui-là ? …whatever. J’ai rétorqué qu’il ne s’agissait plus de moi, mais de Nous avec un grand N (sans accent cette fois-ci, c’est plus facile).
Eh oui, Le moindre petit sacrifice qu’on fait, aura en fait des répercussions sur l’humanité dans son ensemble. Celle d’aujourd’hui, mais aussi celle de demain.
Je sens que ça va être plus long qu’il n’y parait.
Je trouve ça égoïste de faire des efforts uniquement si ça a des répercussions sur son environnement propre et direct. De plus, en réalité, chaque effort est presque toujours profitable pour soi, via des bénéfices collatéraux ou indirects souvent imperceptibles au premier abord mais bien concrets sur le long terme.
Un premier exemple : Nous tentons autant que possible de ne plus du tout faire usage de plastique et emballages à usage unique. Une décision qui est très simple à énoncer mais qui implique énormément de changements, de sacrifices et d’efforts. Au niveau alimentaire, notamment, fini les yaourts, les paquets de jambon, les paquets de lardons, les bonbons, la viande sous vide, les salades pré-lavées, les plats préparés, les aliments surgelés de grande surface, les fast-food, etc.
Ça semble terrible listé comme ça. Ça a été évidemment compliqué à mettre en place. Ça s’est fait très progressivement, et nous sommes toujours en train d’essayer de faire mieux. Mais malgré tout, ça nous apporté beaucoup plus à titre individuel, que ce que ça nous a coûté : Rencontrer et se lier d’amitié avec des producteurs du coin pour tous nos besoins alimentaires (lait, fromage, légumes, fruits, charcuterie, etc.). Ce sont souvent des personnes formidables, passionnées et très commerçantes, prêtes à vous faire des ristournes à la première occasion dès qu’ils vous voient fidèles, vous offrir des cagettes de pommes pour faire des compotes, des pots de fromage blanc à goûter. Nous échangeons maintenant beaucoup plus avec nos voisins avec qui nous mutualisons certains de nos déplacements chez les producteurs, avec qui nous échangeons les produits de nos jardins. Ça apporte une synergie très localisée qui n’a pas de prix à mon sens. Nous mangeons beaucoup plus sainement qu’avant. Presque exclusivement bio. J’ai l’impression que tous les producteurs qui vendent en direct au consommateur sont bio. Du coup, ça aide. Des fruits et légumes, alors qu’avant ça, nous achetions un fruit tous les 36 du mois. Du fait-maison, les enfants adorent les crêpes au petit déj’, les mousses au chocolat en dessert, les galettes, etc.
Un second exemple : Du moment qu’un déplacement ne me prend pas plus de 20 minutes supplémentaires à vélo, alors je prend le vélo. Alors, tous les jours, j’emmène mon petit dernier chez sa nounou à vélo à quelques km de la maison. La pente est raide, la chariote est lourde. Les premières fois, j’ai manqué de m’évanouir sous le poids de mon absence totale d’endurance. Aujourd’hui, je monte la pente sans forcer. Le bébé est ravi de sa petite promenade quotidienne. Ça nous fait prendre l’air. Ça me force à décompresser un peu, à respirer. C’est également moins dangereux pour les autres. (Oui. Parce que je suis un danger public sur la route). C’est évidement moins coûteux en essence ou en maintenance.
Je peux ainsi vous lister beaucoup plus d’avantages que de contraintes. Il faut juste être patients, ne pas se décourager et prendre le temps de détecter le rayonnement positif de chaque renoncement.
Phrase du genre N°2
“Personne ne fait rien, pourquoi moi je ferais des efforts”
Arg, celle-ci, elle a été dure à contrer. Encore aujourd’hui, elle me donne du fil à retordre. Quoi de plus décourageant que de voir des gobelets en plastiques, des paquets de cigarettes, des canettes, des capotes, des jouets, des emballages alimentaires dans l’herbe quand on se promène le matin. De voir, dans le chariot de la file voisine au supermarché, 200 yaourts, paquets de bonbons, bouteilles en plastiques. On se sent entourés de gens qui s’en foutent. Et c’est là qu’on a souvent envie de baisser les bras. “A quoi bon faire tout ça. En une minute, M. Balek pollue plus que ce que nous avons sauvé en un mois.”
Il faut se rappeler quotidiennement qu’une minorité de gens sont vraiment des extrémistes du j-m-en-fous-complètement. La règle du 90–10 s’applique très bien ici : 10% de la population provoque 90% de ce qui se voit le plus. Ce pourcentage finira par se réduire, ainsi que les conséquences qui vont avec. Il faut patienter activement.
Il est inutile d’être en colère contre les autres. Ils sont nous. Les autres sont des versions futures ou passées de nous. Certains ont déjà pris conscience de ce que je ne vois pas encore et m’en veulent sans doute à moi de ne pas faire ce qu’il faut. Nous devons au contraire nous entre-éduquer. Nous propulser mutuellement vers la sortie plutôt que de chercher des coupables et faire des reproches à ceux qui sont à la traîne.
Phrase du genre N°3
“Ce n’est pas à nous de faire des efforts, c’est aux [Insérez ici une tierce partie : politiques ; industriels ; commerçants ; paysans, administrations ; vaches ; décharges ; autres ; etc.]”
…Dixit le côté flemmard de mon cerveau. Pourquoi ce serait à moi d’avoir une démarche active pour recycler mes bouteilles en verre ? Pourquoi l’état ne met pas en place un système de consigne ? Pourquoi les industriels ne vendent-ils pas tous leurs produits en vrac ou dans des boites réutilisables, consignées ? Pourquoi les grandes surfaces n’éradiquent-elles pas les emballages plastiques définitivement ?
La réponse est souvent simple. C’est à cause de nous. Tant qu’il y aura un marché sur l’alimentation sous plastique, les industriels continueront d’en vendre. Tant que les clients ne prendront pas tous leurs propres boites pour faire leurs courses, les grandes surfaces continueront de proposer des boites à usage unique aux clients.
Leur but est avant tout de satisfaire leurs clients, de les garder et de continuer à vendre. Si les consommateurs se retrouvent gênés dans leur démarche d’achat, ils vont simplement préférer une grande surface plus pratique.
La concurrence est rude et les flux sont très tendus. Il est difficile pour ces sociétés d’envisager une prise de risque pour mener à bien une action écologique plus efficace que marketing.
Si l’état imposait aux grandes surfaces des réglementations globales, ça réglerait le problème de concurrence, mais c’est alors l’état qui ferait une prise de risque en se mettant à dos ses citoyens les plus modestes ou les plus pressés. Ceux qui pensent qu’ils ne peuvent pas faire des efforts parce qu’ils se sentent déjà au bord du gouffre.
Il n’y a aucune bonne solution. En tous cas, pas de solution globale. Le mieux que l’on puisse faire, c’est faire de notre mieux chacun à notre niveau et sur les postes qui nous arrangent le plus. Les commerçants comme les clients. L’état comme les citoyens. Le mieux que l’on puisse faire, c’est essayer de faire.
Phrase du genre N°4
“C’est trop pratique, je ne peux plus m’en passer”
Combattre une habitude, c’est compliqué. Bizarrement, ce sont toujours les mauvaises qui sont les plus dures à éradiquer.
Je parlais plus haut de ma règle pour le vélo. J’ai mis un certain temps à l’appliquer respectablement, et encore aujourd’hui, j’ai vite fait de faire des petits écarts parce que je suis pressé, parce que j’ai un petit truc à transporter, parce qu’il fait à peine chaud ou à peine froid. La voiture, c’est pratique. Ça va vite. C’est toujours prêt à partir sans rien avoir à préparer. On peut l’utiliser par tous les temps. On peut s’en servir dans n’importe quelle tenue. On n’a pas besoin de prendre de douche après. Pas évident de vendre à mon cerveau paresseux une balade à vélo sous la pluie quand une telle concurrence attend sur le parking.
En réalité, on peut se passer de tout. On arrive très bien à se passer aujourd’hui des objets qui seront inventés dans 100 ans et qui sembleront pourtant indispensables à nos arrières-petits-enfants.
Il y a un siècle, la voiture n’était pas si incontournable. On arrivait à vivre sans les smartphones, les emballages en plastiques, le prêt-à-porter, etc.
Le vrai problème ne réside pas dans ces objets pratiques qui semblent maintenant tellement inévitables qu’on est prêt à les utiliser au détriment de la planète. Le problème, c’est qu’on a évolué avec ces objets depuis tellement longtemps, qu’on pense ne pas pouvoir s’en passer.
Pour notre génération, il est sans doute trop tard. L’effort sera très ou trop important pour pallier le manque. Nous aurons un sentiment inéluctable de frustration quand on se passera d’un élément pratique de notre vie.
Par contre, c’est à nous d’habituer nos enfants à s’en passer. Ça sera pour eux simplement naturel de s’en passer. Ils auront grandi sans. Pas de frustration, pas de manque.
Hé ! Elles sont où mes paillettes de licornes ? Me serais-je fais clickbaité ?
Phrase du genre N°5
“On ne va quand même pas revenir au Moyen-Age”
Voilà qui fait écho au point précédent. (Je suis le roi de la transition).
Depuis que je suis tout petit, je suis très technophile. Très très. J’ai toujours été fasciné, admiratif et plein d’espoir sur ce que nous réserve l’avenir et les grandes sociétés tech et les communautés de développeurs. J’en ai fait mon métier avec passion.
Malheureusement, je sais aussi que ces technologies sont également ce qui provoque notre perte.
Je suis le premier à vouloir changer de téléphone tous les ans, des nouveaux ordinateurs, des montres connectées, des voitures connectées, des consoles, et autres objets tantôt pratiques, tantôt fun mais toujours accessoires ou remplaçables.
C’est un point sur lequel, j’ai encore beaucoup de travail. Mais je suis en cours de désintoxication. Je réduis mes usages internet et mobiles. J’achète d’occasion. Et surtout j’essaye autant que possible de me contenter de ce que j’ai. Je garde mon téléphone depuis 3 ans par exemple et j’en suis finalement toujours ravi.
L’envie n’est pas toujours évidente à combattre, mais finalement, ça a un côté libérateur de laisser la course à la nouveauté se faire sans moi.
D’autre part, je procède actuellement au remplacement total de mon environnement Internet et informatique par des solutions moins polluantes (Raspberry Pi), respectueuses de la vie privée (Google-free) et issues de la communauté OpenSource (que j’affectionne particulièrement). C’est un travail très long qui se fait par toutes petites étapes et que j’impose à toute la famille. Ça fera peut être l’objet d’un prochain article si personne ne me jette de cailloux après celui là.
07/03/2021 L’article est arrivé : Les apps Open Source que j’utilise et pourquoi
Phrase du genre N°6
“Je n’ai pas le temps de faire tout ça. J’ai une vie moi.”
Je travaille à mon compte depuis quelques années. Ma famille, mes amis et même mes clients pourront en témoigner : je travaille tout le temps ! Je travaille beaucoup trop. En fait je suis toujours en retard de plusieurs mois sur tout ce que je dois faire. Tant sur le plan professionnel que personnel. J’essaye de grappiller quelques heures de loisir par semaine. Mais c’est compliqué.
Dans ces conditions, je m’imaginais mal, chaque semaine, prendre une heure pour préparer un repas. Prendre une heure pour faire des déplacement à vélo au lieu de 20 min en voiture. Prendre une heure pour préparer des desserts pour toute la famille. Prendre une heure pour m’occuper d’un jardin. Prendre une heure à faire quelque chose où personne n’attend sur moi. Prendre une heure pour moi.
Difficile d’ajouter une pierre supplémentaire dans un pot déjà plein.
Et bien en fait, ça passe.
Je faisais souvent l’erreur de faire la somme du temps “perdu” pour chaque aspect de ma vie. En réalité, ce n’est pas additionnable. Il est tout à fait possible de réunir plusieurs éléments en même temps tout en ayant l’impression de profiter de sa journée. Ne pas se sentir débordé.
J’avais l’impression de ne pas avoir assez de temps pour mes enfants, de temps pour moi, de temps pour faire du sport. Alors que je peux passer un bon moment avec les enfants à m’occuper du jardin. Je peux faire une compote de pomme en écoutant un livre audio. Je peux faire du sport en allant chez la nounou à vélo. Et tout ça sans jamais avoir l’impression de courir après ma vie. Au contraire, l’impression de profiter d’elle. Une vie toute simple où tout s’emboîte parfaitement.
Quoi de plus relaxant que d’éplucher des pommes en écoutant ses enfants jouer.
Et même faire les courses est devenu un moment de plaisir. C’est devenu beaucoup plus long qu’un simple retrait au Drive, mais c’est un temps agréable. Une promenade dans des petites boutiques où les gens vous reconnaissent et discutent avec vous. C’est calme et reposant. Rien à voir avec un Carrefour le samedi matin.
Je travaille toujours beaucoup trop. Mais au moins, tout le reste de ma journée est de meilleure qualité et beaucoup plus en phase avec mes nouvelles valeurs.
Phrase du genre N°7
“Non mais t’as vu combien ça coûte le bio ?”
J’ai vécu pendant longtemps avec très très peu d’argent. Quand on vit à 1€ près, on imagine mal dépenser plus pour ne rien obtenir en retour. Rien pour soi en tous cas.
Maintenant que j’ai un salaire normal, j’ai gardé l’habitude de surveiller chaque centime qui sort de la poche de la famille. Alors quand j’avais vu que les produits “bio” étaient parfois deux fois plus chers que ceux en grande surface, ça m’avait un peu effrayé.
J’ai maintenant assez de recul pour vous donner des chiffres.
Pour être totalement transparent. Voici le montant mensuel moyen de notre “budget courses”. J’inclue tout ce qu’on mange, y compris les restaurants, pâtisseries, etc. Mais aussi tout ce qu’on consomme au quotidien, comme les produits ménagers, hygiène, couches, nourriture pour animaux, etc.
En 2015 : 145€/semaine.
en 2019 : 170€/semaine.
La vraie différence entre ces deux dates, c’est qu’on a un petit habitant de plus dans la maison. Et je pense qu’il est beaucoup plus à l’origine de l’augmentation que ne l’est notre passage au bio. (Si vous pouviez le voir manger, vous n’essayeriez même pas de discuter)
Soit, aujourd’hui, 170€/personne/mois (sans compter les animaux) alors que nous mangeons exclusivement des produits bio et frais et que nous utilisons des produits bio et responsables. Ce n’est finalement pas beaucoup plus cher. On reste largement dans la moyenne des Français.
Un panier de légumes achetés chez le maraîcher coûte quelques dizaines d’euros et vous avez largement de quoi nourrir plusieurs personnes pour toute une semaine.
Phrase du genre N°8
“On ne va quand même pas manger comme des lapins”
Je ne suis pas personnellement vegan. Ni même végétarien. J’aime la viande en général. Et je préfère ignorer autant que possible la partie “tuage d’animaux” quand je mange.
Ça ne coûte pas grand chose de réduire sa consommation de viande, de la garder pour des bonnes occasions, de s’assurer qu’elle provient d’un réseau respectueux des animaux (autant que peut l’être un système qui tue des animaux pour les manger).
Une ou deux tranches de jambon par semaine, et un steak de temps en temps suffiront largement à satisfaire toute la famille.
Je n’ai par contre pas de souci avec le fait de me nourrir de ce que les animaux produisent (œuf, lait, etc.) Je prends simplement le temps de sélectionner des producteurs qui respectent leurs animaux. J’essaye parfois de troquer un lait de vache contre un lait végétal dans une recette, mais je suis pas toujours ravi du résultat.
J’ai bon espoir que la substitution complète de la viande et des produits issus des animaux se fasse progressivement et sans effort. Il faut simplement prendre le temps de tester de nouveaux aliments, de nouvelles recettes et de réfléchir à ce qu’on met dans son assiette.
J’essaye de garder ça dans un coin de ma tête et d’être conscient de ce que je mange. Le changement opérera de lui-même, naturellement.
10/06/2023 … Et j’avais raison. J’ai réussi à être officiellement vegan pendant 2 ans. Maintenant, j’essaye simplement de n’abuser de rien. Je trouve que, en société, c’est encore compliqué de ne pas être le relou vegan.
Phrase du genre N°9
“De toute façon, c’est trop tard…”
We’re so screwed ! Je pense effectivement que c’est trop tard pour nous. On verra sans doute très peu les impacts des efforts qu’on fait. Alors à quoi bon. On est entouré de gens qui s’en foutent ou qui pensent que ça ne sert à rien. Il faudrait que tout le monde s’y mette à 100% pour qu’on puisse voir un résultat. Et soyons lucides, ça n’arrivera pas. Qu’est-ce qu’une poignée de personnes peut faire contre des milliards. Pourquoi se prendre la tête à se restreindre quand tout le monde autour n’hésite pas à se faciliter la vie.
Souvent, la colère, la frustration et la jalousie sont de mise sur ce point.
Mais encore une fois, mes enfants viennent à la rescousse. Il est hors de question que je me couche le soir sans avoir au moins essayé d’améliorer les choses. Il est hors de question que je fasse plus partie du problème que de la solution. C’est trop tard pour nous, mais c’est seulement le début pour eux.
Phrase du genre N°10
“Le plus simple, c’est de ne pas faire d’enfants !”
J’avais lu un jour que faire des enfants pollue plus que de faire des voyages en avion toute sa vie.
Est-ce qu’il ne vaut pas mieux alors profiter de sa vie, ne pas faire d’enfant, faire plein de voyages en avion. Pas d’enfant, pas de problème. En plus, il n’y a plus vraiment de raison de sauver la planète s’il n’y a personne pour l’utiliser après nous. (L.O.L) Une question de dosage. Il n’est effectivement sans doute pas souhaitable qu’un homme, vendeur de piscines, pro-Trump et collectionneur de voitures de courses, fasse des enfants. Il y a des chances pour qu’il ne fasse que perpétuer son style de vie et que ça coûte un paquet de voyages en avion à long terme. Par contre n’y a-t-il pas une chance pour qu’un seul de nos enfants puisse rendre les avions complètement non polluants et annule ainsi son propre budget “voyages en avion”. Voire qu’il annule celui d’autres enfants ?
Le problème ne vient pas des enfants. La seule chose qui me donne espoir, en réalité, c’est d’imaginer mes enfants faire d’autres enfants qui grandiront avec les valeurs que j’aurai essayées de leur inculquer tout au long de leur vie. Le résultat sera démultiplié et perfectionné à chaque génération. Nous, adultes d’aujourd’hui, devons simplement les pousser dans le bon sens.
Alors, en fait.. Pourquoi je vous écris ?
Des questions venaient souvent me titiller pendant que j’écrivais ces lignes : Qui suis-je pour donner mon avis là-dessus ? Est-ce que j’ai un master en écologie ? Est-ce que je fais mieux que les autres ? Est-ce que je me pense meilleur que les autres pour vous donner des conseils ? Est-ce qu’on va changer d’avis sur moi ? Est-ce que je ne suis pas en train de soûler le monde avec mes histoires ?
J’ai la conviction de faire ce qu’il faut, mais je ne suis pas sûr de le faire comme il faut. Tel un témoin de Jéhovah, je dois passer un message dans votre propre intérêt !
Je savais bien qu’il allait devenir relou. Je sens que c’est le moment où il va nous demander du fric…
Ce texte existe parce que j’ai entendu dire que le moyen le plus simple de protéger l’environnement, l’acte écologique le plus accessible, et pourtant le plus important, c’est de donner envie de protéger l’environnement. De planter des graines dans la tête de ses proches. De multiplier les membres de notre petite organisation. Notre petite armée.
Plusieurs proches nous ont dit nous trouver inspirants, que nous avions donné envie d’essayer de mieux consommer, de moins polluer. C’est la meilleure récompense à nos efforts et c’est aussi l’impact le plus visible que nous ayons obtenu depuis le début. Nous avons nous-même été inspirés de faire mieux en voyant certains faire.
Et c’est l’essence même de ces lignes. Je partage avec vous mon envie en espérant qu’elle soit contagieuse. Je partage pour ceux qui, comme mon past-self, entendent mais n’écoutent pas.
Pour reprendre ma question de départ : Qu’est-ce que je vais bien pouvoir apporter à l’écologie avec un grand E ? Pas grand chose. Mais un petit pas-grand-chose multiplié par des millions, ça fait un gros quelque-chose.
Si vous avez alors ne serait-ce qu’une petite envie d’arrêter le carnage, parlez-en autour de vous, échangez vos idées, vos astuces, vos rêves. Donnez envie à votre entourage de faire quelque chose. Donnez leur envie de partager leur envie ! Partagez par tous les moyens. Parlez à vos voisins de planter des arbres. Disputez-vous avec votre famille sur l’emplacement du jardin. Postez des phrases écolo faciles sur Facebook en les assignant à Gandhi. Publiez des photo de DIY sur Insta. Twittez cet article (Hell yeah). Devenez un vlogger de plus sur YouTube.
Ça ne vous coûtera rien, et ça sera pourtant un vrai premier pas !
Pour une fois, j’ai compris que le projet est bien plus grand que moi. Et ça change tout. Le meilleur moyen de le mener à bien, à mon sens, c’est qu’on s’y mette tous ensemble. (Générique. Fade to white. C’est le moment, où on se prend la main tous ensemble au ralenti en se dirigeant vers le soleil couchant sur “Heal the world” de Michael Jackson).
Merci d’avoir pris le temps de me lire !
C’était long pour pas grand chose non ? Allez, je share quand même parce que j’aime bien les licornes
31/12/2020 J’avais publié cet article à l’époque sur mes réseaux sociaux. Je l’avais mis de côté pour le jour où je trouverai un support qui me correspond. Le voici donc maintenant sur ce blog depuis aujourd’hui.
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